« Je reviens de loin et il faut que j’y retourne »

 

Ce malheur, c’est l’impossibilité de la mort, la dérision jetée sur les grands subterfuges humains, la nuit, le néant, le silence. Il n’y a pas de fin, il n’y a pas de possibilité d’en finir avec le jour, avec le sens des choses, avec l’espoir ; telle est la vérité dont l’homme d’Occident a fait un symbole de félicité, qu’il a cherché à rendre supportable en en dégageant la pente heureuse, celle de l’immortalité, d’une survivance qui compenserait la vie. Mais cette survivance, c’est notre vie même. C’est la l’origine de notre anxiété. Elle ne vient pas seulement de ce néant au-dessus duquel, nous dit-on, la réalité humaine émergerait pour y retomber, elle vient de la crainte que ce refuge même ne nous soit enlevé, qu’il n’y ait pas rien, que ce rien soit encore de l’être.

Maurice Blanchot : De Kafka à Kafka

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