Nous avons beau étendre nos
conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n’enfantons que des atomes,
au prix de la réalité des choses. C’est une sphère dont le centre est partout
et la circonférence nulle part. Si maintenant, dans une perspective spinoziste,
on imaginait cette sphère en cristal, la seule image qu’elle se trouverait
incapable de renvoyer est la sienne, manquant ainsi la perte de repère
qu’impliquent les entraves de la matière. Pour pallier cet effet, il semble
naturel d’aller de la substance vers l’essence, de la circonférence vers le
centre, de l’extérieur vers l’intérieur, de la multiplicité vers l’unité. Dès
lors, devrait se cacher un hypocentre où
le temps se révélerait compatible avec l’espace, point d’ancrage en vertu
duquel l’énergie primordiale chercherait à conférer une signification
dérogatoire au « silence éternel de ces espaces infinis » qui
précisément inquiétaient Pascal.
James Tournois : La tentation de l’invisible
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