Grappin

 

L’état d’Anne-Marie Roulé s’aggrava au début de l’année 1882. Elle avait des hallucinations, appelait saint Joseph, qu’elle croyait captif dans une contrée lointaine. Pendant quatre mois, au moment où il faisait des copies pour la Bibliothèque nationale, Léon Bloy dut rester constamment auprès d’elle, pour la surveiller « sous la triple menace du feu, de l’étranglement et du couteau. » Prostrée, elle semblait appartenir à un autre monde. Elle délirait devant son crucifix, accusant ou objurguant. Elle eut des catalepsies. Elle ne reconnaissait plus Léon Bloy, elle le prenait pour un démon tourmenteur qui s’était substitué à celui qu’elle aimait et qui devait être l’instrument de son salut. Au milieu de l’année 1882, il fallut appeler un médecin. Il ordonna un internement immédiat à Sainte-Anne, le 20 juin 1882, d’où elle fut transférée à Caen. Ainsi se termine la première partie de la vie de Léon Bloy. La découverte de l’exégèse avait été le dernier stade d’une éducation intellectuelle qui avait assemblé pièce à pièce, comme dans un jeu de construction les différentes acquisitions dont l’ensemble constitue la forteresse impénétrable que Léon Bloy appelle son christianisme.

Maurice Bardèche : Léon Bloy

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