L’astrologie « personnelle » de nos
horoscopes modernes est d’invention récente : l’astrologie classique a
pour visée première, astrologie dite judiciaire, le destin du groupe, de la
cité terrestre. Selon Gilbert Durant, philosophe de la mythologie et de
l’imaginaire, une perte de symbolisme s’est jouée dans l’abandon du diagramme
traditionnel de forme carrée, en faveur d’un diagramme circulaire apparu au
quinzième siècle avec Georg von Peuerbach… Cette première mathématisation du
ciel permet de rendre visible la disposition exacte des planètes dans le
Zodiaque ; elle fait en revanche perdre le sens d’une projection du
macrocosme sur le microcosme terrestre, structuré en douze « maisons »
qui décrivent la condition humaine dans son milieu écologique. Comme y
insistait Benjamin, cette participation cosmique, selon des typologies
culturellement partagées, était nécessairement de nature collective. La
résurgence de phénomènes tels que l’astrologie au vingtième siècle témoigne
d’un besoin émotionnel de faire partie de quelque chose de plus grand que soi
et que son environnement social immédiat. L’interprétation de sa propre
position dans le monde en fonction de la disparition des astres, par-delà les apparences
étatiques, offre un moyen de se relier à d’autres communautés humaines
historiques, qui se comprenaient à la lumière des facteurs célestes.
Jenn Zahrt : Dialectique des étoiles
Commentaires
Enregistrer un commentaire