L’esprit
humain est construit de telle manière qu’il ne puisse faire entrer la chance en
ligne de compte, sinon dans la mesure où les calculs qui l’éliminent permettent
de l’oublier, de n’en plus tenir compte, mais, allant jusqu’au bout, la
réflexion sur la chance dénude justement le monde de l’ensemble des prévisions
où l’enferme la raison. Comme celle de l’homme, la nudité de la chance — qui
décide en dernier ressort, en définitive — est obscène, écœurante : elle
est, en un mot, divine. Suspendu à la chance, le cours des choses dans
l’univers n’est pas moins déprimant que le pouvoir absolu d’un roi.
Georges Bataille : Le Coupable
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