Tous au cimetière !

 

La présence cadavérique établit un rapport entre ici et nulle part. D’abord, dans la chambre mortuaire et sur le lit funèbre, le repos qu’il faut préserver montre combien est fragile la position par excellence. Ici est le cadavre mais ici à son tour devient cadavre : « ici-bas » absolument parlant sans qu’aucun là-haut ne s’exalte encore. Le lieu où l’on meurt n’est pas un lieu quelconque. On ne transporte pas volontiers cette dépouille d’un endroit à l’autre : le mort accapare sa place jalousement et il s’unit à elle jusqu’au fond, de celle sorte que l’indifférence de cette place, le fait qu’elle est pourtant une place quelconque, devient la profondeur de sa présence comme mort, devient le support de l’indifférence, l’intimité béante d’un nulle part sans différence, qu’on doit cependant situer ici.

Maurice Blanchot : L’Espace littéraire

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