Cheminer dans cette première nuit n’est pas un
mouvement facile. C’est un tel mouvement qu’évoque la bête dans Le Terrier
de Kafka. On s’y assure de solides défenses contre le monde du dessus, mais on
s’y expose à l’insécurité du dessous. On édifie à la manière du jour, mais
c’est sous terre, et ce qui s’élève s’enfonce, ce qui se dresse s’abîme. Plus
le terrier paraît solidement fermé au-dehors, plus grand est le péril qu’on y
soit enfermé avec le dehors, qu’on y soit livré sans issue au péril, et quand
toute menace étrangère semble écartée de cette intimité parfaitement close,
alors, c’est l’intimité qui devient l’étrangeté menaçante, alors, s’annonce
l’essence du danger.
Maurice Blanchot : L’Espace littéraire
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