Source : Les Chemins de la kabbale par Moshé Idel et Victor Malka, éditions Albin Michel, collection spiritualités.
Avec l’idée d’union mystique, le second concept que
Recanati met en évidence, c’est celui du « baiser de la mort. » Les
premiers débats dans le judaïsme à ce propos ont eu lieu dans le Talmud où ce
genre de mort, est, dit-on, réservé aux patriarches : Moïse, Aaron, et
Myriam par exemple. Dans la littérature talmudique, on entend généralement par
« baiser de la mort » une mort douce provoquée par Dieu lui-même sans
que l’ange de la mort s’en mêle.
Il est vrai que Recanati a développé, plus que les
kabbalistes théosophiques qui l’ont précédé, cette idée que l’union mystique,
le devekout ultime, peut culminer avec une mort extatique. Ce type de
vision a été très important au cours de la période de la Renaissance. Il faut
noter que le passage que Recanati a consacré au « baiser de la mort »
a été traduit en latin par Pic de la Mirandole.
La formule elle-même date de l’époque du Talmud. On l’a
utilisée pour parler de la mort de Moïse. Au demeurant, les maîtres du Talmud
font observer que ce type de mort était un privilège des hommes du passé mais
qu’il a aujourd’hui disparu. Les kabbalistes, en particulier Recanati, diront
au contraire que c’est un destin qui peut être celui de tout juif.
Est-ce à Recanati que Pic de la Mirandole et les
kabbalistes chrétiens en Italie empruntèrent ce concept de « baiser de la
mort » ?
Pas vraiment. En fait, le concept de la mort extatique se trouve bien avant Recanati dans les sources néoplatoniciennes et soufies. Il est intéressant de noter à cet égard que, au cours de la Renaissance italienne, les sources néoplatoniciennes, et la kabbale ont été découvertes en même temps. Les kabbalistes chrétiens ont trouvé entre les deux une certaine affinité.
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