Inerrance

 

Cela semble un jeu, mais à entendre la métaphore « à la lettre » de la dictée divine à Moïse, force est d’admettre qu’il aurait pu défaillir dans la retranscription de ces 304.805 lettres, d’autant que la Massorète enregistre bon nombre de singularités qui pourraient être considérées comme autant d’erreurs de style, de faute de grammaire et d’orthographe, ou bien d’absurdités de situation ou d’incohérences chronologiques. D’autre part, Moïse aurait pu mal retranscrire ou trop bien retranscrire, et corriger de son fait ce qui semblait a priori ne pas correspondre à la perfection d’un rendu alors que « Dieu lui-même s’appliquait à cultiver ces imperfections. » On songe par exemple à ce que la Massorète répertorie dans la liste des Keri/Ktiv (lu/écrit) à savoir qu’en certains endroits le texte est écrit d’une manière mais doit être lu d’une autre. La théorie de l’inerrance vient à sa façon garantir que Moïse n’a pas commis de son chef des corrections inappropriées de ce qu’il aurait pu estimer des erreurs rédhibitoires. S’il y en a, elles sont doublement sacrées car intentionnées par Dieu. Elles seraient même sa marque et sa signature comme il en irait du monde, qui dans son imperfection apparente, se révélerait plus parfait encore.

Pierre-Yves Salfati : Le premier mot « Au commencement »

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