Aller vers soi, c’est aller du corps du texte, vers les
phrases du texte, des phrases du texte vers ses mots et des mots du texte vers
la lettre. Or, ce processus est contenu dans les quatre premiers mots de la
Torah, Bereshit Bara Elohim Eth, qui peuvent se traduire « au
commencement Dieu créa la Lettre. » En fait, ces quatre premiers mots sont
une allusion aux quatre niveaux de lecture du texte, pshatt, remez, drash,
sod, que sont le sens littéral, le sens symbolique, le sens allégorique et le
sens initiatique. Cette herméneutique qui consiste à aller du texte de la
Torah, pshatt, au détail du texte, remez, puis au détail du mot, drash,
jusqu’au détail du texte, sod, est en fait inspirée des quatre premiers
mots du Livre : ceux-là fonctionnent comme un mode d’emploi de lecture Bereshit
Bara Elohim, qui voit se succéder le sens simple, Bereshit,
« au commencement », au sens symbolique, Bara, « créa »,
puis au sens allégorique Elohim, Dieu au sens secret et initiatique Eth.
La particule Eth qui, outre qu’elle est intraduisible, est composée des
première et dernière lettres de l’alphabet, Alef et Taf, et
donnent l’expression grecque l’Alpha et l’Oméga, pour désigner l’origine et la
fin, ou, quand on la lit Oth, le prodige, mais mieux encore, elle signifie
Lettre. La Lettre est en fait le véritable prodige.
Pierre-Yves Salfati : Le premier mot « Au commencement »
Commentaires
Enregistrer un commentaire