Abysmal Grief

 

Finalement, un terme doit être mis à l’interminable : on ne cohabite pas avec les morts sous peine de voir ici s’effondrer dans l’insondable nulle part, chute qu’à illustrée celle de la Maison Usher. Le cher disparu est donc convoyé en un autre lieu, et sans doute est-ce un site qui n’est que symboliquement à l’écart, nullement insituable, mais il est vrai, cependant, que l’ici du ci-gît, rempli de noms, de constructions solides, d’affirmations d’identité, est le lieu anonyme et impersonnel par excellence, comme si, dans les limites qu’on lui a tracées et sous l’apparence vaine d’une prétention capable de survivre à tout, la monotonie d’un effritement infini était à l’œuvre pour effacer la vérité vivante propre à tout lieu et pour la rendre égale à la neutralité absolue de la mort.

Maurice Blanchot : L’Espace littéraire

Commentaires