Le temps est conssubstantiel à toute l’épaisseur de
l’être, ou mieux, il est la seule essence d’un être dont toute l’essence est de
changer ! C’est donc l’être tout entier, jusqu’à sa racine et à son
ipséité, qui est entraîné dans le mouvement du devenir. En d’autres
termes : l’être n’a pas d’autre façon d’être un déjà-plus ou un pas-encore. La liberté est, comme le temps, la substance même de l’être humain.
C’est pour l’indéterminisme dogmatique que la liberté distingue un caractère
partiel de cet être, qu’elle est, par exemple, la citadelle imprenable où une
volonté sur la défensive se retranche : la liberté n’est pas une exception
négative dans la trame du déterminisme, elle est une positivité
créatrice ; elle ne modifie pas l’arrangement des parties mais délivre
la matière par une décision révolutionnaire. L’homme est toute liberté,
comme il est tout devenant ; il est une liberté bipède, qui va, qui vient,
qui parle et qui respire.
Vladimir Jankélévitch : Henri Bergson
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