Source : Histoire des enfers par Georges Minois, éditions Fayard
L’obscurité est totale, l’atmosphère glaciale et
l’entassement incroyable ; cris de souffrance, puanteur, nourriture
infecte composée de vomissure, de sang pourri, de viande grouillante de vers,
vomie et ré-ingurgitée à nouveau. En outre, le temps ne passe pas vite pour les
damnés : trois jours leur semblent neuf mille ans. Mais tout cela aura une
fin. Les souffrances infernales du mazdéisme ont valeur de purification :
cet enfer est en réalité un purgatoire. Les damnés prennent conscience peu à
peu de leurs fautes et s’en repentent, attendant le jour de la résurrection
dont l’idée se dessine peu après l’époque de Zarathoustra. « Quand les
morts ressusciteront, le vivant viendra sans attente, à volonté, la vie sera
transfigurée. »
Le « Vivant », le « Rédempteur »,
c’est Saosyant, l’envoyé de Dieu, incarnation de vérité et de souffle vital,
qui naîtra d’une vierge et vaincra le mal. Ce jour-là, jour du jugement
général, le monde disparaîtra, purifié par le feu, dans un embrasement total.
Le Mal disparaîtra, tous les hommes seront sauvés et unis à Ahura Mazda. La
victoire du bien est inéluctable… L’enfer, conservatoire du mal, est une tache
qui doit disparaître avec lui.
Le mazdéisme a des prolongements à la fois
géographiques et historiques. Les Ossètes, au nord de l’Iran, ont des croyances
voisines : l’âme s’élance à cheval vers un fleuve qu’il faut traverser sur
un poutre instable, après avoir répondu aux questions du Dieu Aminon. Si l’âme
dit la vérité, Aminon la laisse passer. De l’autre côté, se trouvent trois
chemins : un vers le ciel des bienheureux, un vers les esprits mauvais, le
denier vers le pays des morts héroïques et des guerriers. Chez les Sogdiens, à
l’est du pays, l’enfer est un lieu sombre, très influencé par le zoroastrisme.
À l’époque parthe, au deuxième siècle avant Jésus-Christ, des tendances apocalyptiques se développent et l’aspect messianique se renforce : une collection de prophéties, les « oracles d’Hystaspe », reprennent une annonce de Zarathoustra : « Écoutez, je vous révélerai le surprenant mystère du Grand Roi, qui doit venir au monde. Quand les temps seront accomplis, à l’instant de la dissolution qui doit mettre fin au temps, un enfant sera conçu et formé complètement dans le sein d’une vierge, sans qu’un homme l’ait approchée. »
Ce sera un sauveur, Mithra, dont les mages guetteront l’étoile leur annonçant sa naissance, le 25 décembre dans une caverne. Ce sauveur préparera la victoire du bien, avec la collaboration des hommes bons. Sa venue se situe donc dans la perspective de l’élimination future de l’enfer.
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