Cette situation, pourtant — l’interdit de publier qui
est sournoisement imposé, sans faille ni pardon, à tous mes écrits —, n’est à
vrai dire pas chose nouvelle. Depuis fort longtemps, depuis déjà les années cinquante,
il avait été souterrainement décidé qu’aucune chance ne me sera laissée pour
que je dise ce que l’on savait d’avance que je ne pourrai absolument pas tenter
de dire. Alors, et encore une fois, comment faire ? Le commandement de cet
interdit en action, commandement de silence et de fer, comment passer outre,
comment le contourner ? Marginalisé à bon escient, repoussé dans les
ténèbres extérieures, il ne me reste que d’agir en en marginal dissimulé dans
la dissimulation même, en exilé à perpétuité dans une ontologie de ténèbres, de
faux-semblant et de crime perpétuel : agir subversivement dans la
subversion elle-même, pénétrer les ténèbres.
Jean Parvulesco : Rapport secret à la nonciature
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