« Ni rouge, ni mort »

 

Alors, vois-tu, Medjugorje, c’est Katyn, Katyn multiplié par six, par douze. Si un jour à venir, à la faveur par exemple de je ne sais quel changement de régime, il y a déterrement général sur les collines, on s’y croira au Jugement dernier. La grande lumière de Medjugore, dis-tu ? Peut-être, mais attention, cette lumière-là, attention. D’autre part, pour Dubrovnik, je te le répète tout en sachant que c’est à coup sûr inutile, n’y va pas. Car non seulement, tu risques d’y laisser ta vie, de te faire battre à en perdre la raison, supplicier, piétiner, ce qui n’est déjà pas rien, mais, de toutes les façons, ce n’est pas de Dubrovnik que tu arriveras à passer de « l’autre côté. » Et en plus, sache-le, c’est encore bien là-bas, qu’il te faudra, si tu persistes à vouloir t’y rendre, faire face au mystère noir de ton propre antidestin. Ton antidestin, alors, et pour longtemps, l’emportera sur ton vrai destin. Je ne sais pas très bien t’expliquer en ce moment même, ce que cela veut dire au juste, mais tu le verras toi-même, ce que cela veut dire au juste, mais tu le verras toi-même. Et si cela se fait, tu ne verras même plus que cela et rien d’autre. Alors, pour une dernière fois, je t’en prie, n’y va pas. Il y a trois ans, quelqu’un m’en avait dit autant, dans des circonstances comme celles-ci et moi non plus je n’avais pas eu l’intelligence, l’inspiration de céder. Alors, j’ai payé et je paie encore. Alors, je n’en finis plus de payer. Mais il y a là, peut-être, je ne sais quelle nécessité fatale et c’est peut-être, mais comment le savoir, le chemin même.

Jean Parvulesco : Rapport secret à la nonciature

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