« Il n’y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse
dans le séjour des morts où tu t’en iras » (Quohèlet, 9, 10) Jusqu’aux
premières réflexions de sagesse au cinquième siècle avant Jésus-Christ,
l’enfer, au sens de tourments pour des fautes morales, se situe pour les
Hébreux comme pour les Babyloniens, sous terre. Mais il cesse dans l’au-delà,
où bons et méchants, connaissent, pour l’éternité, semble-t-il, un état
léthargique commun, dans le Shéol. Quant aux fautes sanctionnées, elles sont là
encore semblables à celles de peuples voisins : fautes religieuses comme
la vénération d’idoles, fautes rituelles, comme la violation de tabous sur les
impuretés, fautes sociales, strictement codifiées dans la loi mosaïque. Les
peines, sévères, suivent autant que possible la règle du talion, qui assure la
proportionnalité entre la faute et le châtiment. La loi étant l’expression
divine et les prêtres jouant un rôle essentiel dans son application, punitions
humaines et divines ont tendance à se confondre. Dans ces conditions est-il
besoin d’imaginer dans l’au-delà un nouveau jugement et de nouvelles
peines ? Pendant des siècles, la combinaison de la justice divine
immanente et des tribunaux humains semble avoir satisfait les Hébreux, qui
n’ont pas projeté un système compensatoire dans l’au-delà.
Grosz : Paix ii
Georges Minois : Histoire des Enfers
Commentaires
Enregistrer un commentaire