Sans contrefaçon

 

Après 1881, il ne fut plus question de fantastiques projets de riche mariage. Villiers rompit brutalement avec Marie Dantine en 1883 ; il se sentit attiré par une autre femme. La femme en question était un personnage bizarre. Née en 1850, elle s’appelait de son vrai nom Marie-Émilie Chartroule de Montsifaud, mais, en 1865, elle avait épousé Jean-François-Léon de Quivogne et elle écrivait des romans et des contes scabreux sous le pseudonyme Marc de Montifaud. De temps en temps, elle se trouvait obligée de se réfugier en Belgique ou en Angleterre, lorsqu’elle était poursuivie pour ses écrits pornographiques, mai selle se défendait farouchement dans une série de pamphlets, menait ne campagne virulente contre Francis Magnard, directeur du Figaro, et gifla publiquement le journaliste René Maizeroy à la première des Corbeaux d’Henry Becque en 1882. Elle passait de longues heures à la Bibliothèque nationale, habillée en homme, mais sa vie privée passait pour irréprochable. En 1883, Villiers était suffisamment lié avec elle pour avoir songé à lui dédier les Contes cruels, du moins, il le lui dit, ajoutant que Calmann-Lévy avait supprimé la dédicace de peur d’offenser Magnard, moyen de lui faire un compliment à peu de frais.

Alan Raitt : Villiers de l’Isle-Adam, exorciste du réel

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