Là, Spinoza serait assez moderne, assez comme nous
quant à la sexualité. Il pense, lui, qu’il n’y a pas d’expression univoque du
sexuel : ça vient du dehors. Alors, allez-y, mais que ça ne soit pas la
plus grande partie de vous-même, parce que si c’est la plus grande partie de
vous-même, à ce moment-là, quand viendra la mort, ou, bien plus, quand viendra
l’impuissance légitime de l’âge, quand viendra tout ça, vos perdrez la plus
grande partie de vous-même. Oui, l’idée de Spinoza est très curieuse, c’est que,
finalement, sera la plus grande partie de moi-même, ce que j’aurai fait durant
mon existence comme étant la plus grande partie de moi-même. Alors, si je fais
d’une partie mortelle la plus grande partie de moi-même, à la limite, je meurs
tout entier en mourant, et je meurs avec désespoir.
Gilles Deleuze : Sur Spinoza
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