Source : Histoire des enfers par Georges Minois, éditions Fayard
Cette vision d’un enfer souterrain, pour tous, sans
supplices, où les ombres des défunts errent dans une brume froide, prédomine
également au nord de l’Europe, chez les peuples germaniques, avant le
christianisme.
Là, le monde des morts est le Hel, ou « endroit
caché », d’où dérivent l’anglais « hell », l’enfer,
l’allemand « Hölle », « hehlen »,
dissimuler ; c’est aussi un trou, un creux, « hole »,
« Höhle », tandis que le latin utilisera infernum, lieu
d’en bas, dans les traductions de la Bible et « inferi » pour les
enfers païens. Lieu souterrain obscur et froid, le Hel, d’après les Dits de
Grimnir, est une des racines de l’arbre du monde, avec la sphère des géants
et la sphère des hommes. On y accède à l’issue d’un voyage plein d’embûches,
souvent présenté comme une traversée maritime. Un grand fleuve tumultueux,
semblable au fleuve Océan des Grecs, l’entoure et un port permet de le
traverser.
Mais Odin et Freya eux-mêmes, descendus au Hel, pour y consulter des devins, ne purent en franchir la porte. D’abord situé au nord, à l’époque des tombes communautaires, il est ensuite placé par la mythologie germanique à l’est, à l’époque des tombes individuelles. Vers 1200 avant Jésus-Christ, le passage à la coutume de l’incinération indique sans doute une conception plus spirituelle de l’au-delà. L’existence de jugement ou de châtiment pour les crimes restés impunis sur Terre n’apparaît cependant que dans un poème tardif : les Prédications de la prophétesse.
De même, par une lente évolution, le Walhalla, sombre séjour des guerriers morts, devient le palais où l’on mène une vie splendide au côté d’Odin. Le système punition récompense dans l’au-delà résulte d’une longue maturation sous l’influence d’éléments extérieurs.
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