« Tu les rendras comme un four ardent », dit
le Psaume. Quand le four a été allumé et qu’on a ensuite nettoyé son aire pour
cuire le pain, toutes les braises rassemblées en tas à la gueule du four, c’est
un vif et pur incendie qui règne sous sa voûte ; la fosse de l’enfer connaît
pareil embrasement, selon ce verset de Job : « Un feu que l’on n’a
pas allumé le dévorera. » Je me souviens d’avoir lu dans un livre, mais
j’ai oublié le nom de l’auteur, que la Géhenne est un feu à l’état d’élément
pur, dont sont faits les éclairs, dit-on, qui n’ont aucune base matérielle, ni
support et dont la violence est telle, lorsqu’ils tombent du ciel, qu’aucune
matière ne peut leur résister. Seront donc aux prises : un feu qui ne peut
s’éteindre et un corps qui ne peut brûler ; l’âme enfermée dans la prison
d’un corps qui ne peut brûler ressentira, comme si elle se trouvait dans le
taureau de bronze de Phalaris, les brûlures de la machine qu’est le corps, mais
sans pouvoir s’en échapper. Il y en a qui refuse d’ajouter foi à cela parce
qu’ils ont le cœur attaché aux valeurs du monde ; ils ne croiront qu’à
l’existence de l’enfer que lorsqu’ils y seront tombés.
Julien de Vézelay : Sermons sur le Jugement dernier, cité par Georges Minois.
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