Roue fulgurante

 

Source : Les Nouveaux fakirs par Fleur Hopkins-Loféron, PUF, collection Perspective critique, fondée par le regretté Roland Jaccard.

En 1886, La Revue spirite déclare : « nous entrons dans une nouvelle ère, celle du fakirisme, une trouvaille très sérieuse. » Deux événements motivent cette déclaration. Le premier coïncide avec la venue à Paris du médium et « fakir américain » henry Slade, lequel donne à voir des tours de tables tournantes, d’enlèvements de corps pesants et d’écritures médiumniques.

De fait, il est régulièrement rapporté dans la presse de l’époque comme le diffuseur de l’expression « fakirisme » dans la capitale : « Le mot n’est pas français. Il le deviendra. Un savant [Paul Gabier] très accrédité va grouper sous ce vocable tous les faits psychiques qui soit instinctifs, soit inspirés, se rapprochent des étranges pratiques des fakirs. » Parallèlement, l’Académie de Médecine commande au docteur Paul Gibier, ancien élève de Louis Pasteur, un rapport sur le spiritisme dont il publie les conclusions en octobre 1886 : Le Spiritisme (fakirisme occidental) : étude historique, critique et expérimentale.

Dans cet essai qui a eu un écho important dans la presse, l’aide naturaliste au Muséum d’histoire naturelle fait le lien entre spiritisme et fakirisme ; il a pu observer certains tours de Slade, mais il s’appuie principalement sur les écrits des voyageurs en Inde. Le spiritisme n’est, selon lui, qu’une version moderne de l’ancien fakirisme, thèse qui va dans le sens des écrits de certains occultistes plus tardifs, comme Paul Sédir, Albert de Rochas et Ernest Bosc.

Inspiré en partie par les écrits enjolivés de Jacolliot, Gibier affirme que les fakirs utilisent le fluide de leurs ancêtres, conjugué au leur, pour agir sur la matière. Dès lors, le fakir apparaît comme un intermédiaire, à la manière d’un médium capable de lévitation de meuble, de sons musicaux, de phénomènes lumineux ou d’apports, c’est-à-dire de matérialisation d’objets, comme des fleurs ou des fruits, voire des animaux, en utilisant son fluide personnel, mêlé à celui périsprital de l’Esprit.

Cette proposition est diversement reçue par le public. Il y a ceux qui vont dans le sens d’une force psychique, étant familiarisé avec les recherches de William Crookes ou d’Allan Kardec sur ces questions tandis que d’autres rappellent qu’il y a quelques années seulement ont été mis au jour les mensonges du photographe Édouard Buguet, qui obtenait les clichés spirites saisissant par un travail de surimpression photographique.

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