Pierre Tombal

 

Source : Les Nouveaux fakirs par Fleur Hopkins-Loféron, PUF, collection Perspective critique, fondée par le regretté Roland Jaccard.

L’Égyptomanie qui frappe le pays est une autre cause du succès du fakirisme. En effet, les premiers fakirs qui se produisent en France n’hésitent pas à se faire appeler « homme momie » Le tour de l’enterré vivant convoque alors la figure de l’Égyptien momifié autant que celle d’un autre célèbre phénomène humain, Dominique Castagna, atteint de sclérodemie généralisée et exhibé à Paris, dès 1897 .

Ce rapprochement est particulièrement sensible à la lecture du roman feuilleton de Maurice Champagne : L’Âme du docteur Kips (1912) dans lequel un explorateur dévoile à ses visiteurs le secret de l’immortalité, obtenu auprès du corps momifié du fakir Hakim-Sing, conservé dans un sarcophage du fin fond de la forêt de Tiryani.

Cette confusion entre momie et fakir est perpétuée par plusieurs artistes. L’historienne Stéphanie Sauget, spécialiste de l’histoire des cercueils de verre, a suivi la carrière d’un certain George Papuss, qui débute ses représentations à la toute fin du dix-neuvième siècle. Il propose de se faire enterrer sous scellés, neuf jours et neuf nuits consécutifs dans un cercueil de verre, tout en ayant le corps entouré de bandelettes : « Papuss restera là, enfermé vivant dans cette sorte de tombeau vivant, sous le contrôle de tous ceux qui, jour et nuit, pourront le voir au Casino. »

Rien d’étonnant alors à ce que le démystificateur Paul Heuzé identifie l’exhumation de la tombe de Toutankhamon par l’archéologue Howard Carter, en novembre 1922, comme l’une des causes du regain d’intérêt pour la mystique orientale.

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