Source : Les Nouveaux fakirs par Fleur Hopkins-Loféron, PUF, collection Perspective critique, fondée par le regretté Roland Jaccard.
Tahra bey connaît un premier revers lors du tour de la
planche à clous, quand on découvre qu’il cache dans son pagne un carré de cuir,
à même de protéger son intimité. Toujours maître de son image, il choisit de
revenir entièrement nu sur scène, sous les hourras du public féminin, qui
braque ses jumelles sur son corps un peu empâté.
Enfin, le tour déterminant de l’enterrement vivant est
fatal au fakir. Le public remarque que ses assistants remplissent quelques
pelletées de terre seulement le cercueil et que l’acteur aura largement de quoi
respirer. Paul Heuzé, dans lequel il donne à voir son propre enterrement,
ridiculise le prestige dont Tahra Bey s’enveloppe pour la simple et bonne
raison qu’il prouve que la durée d’air disponible est largement suffisante.
Le match entre Heuzé et Tahra Bey a été l’un des
moments forts de l’année 1928, au point d’être repris dans de nombreux journaux
français et étrangers, notamment britanniques. Il est aussi représenté sous la
forme d’un char, surnommé « Le Char des fakirs », lors du défilé de
la mi-Carême, le 7 mars 1929. Encadrant un Bouddha géant aux allures de Kali,
se tiennent, d’une part, Paul Heuzé en smoking, des livres sous le bras et caressant
amicalement un serpent, et, d’autre part, Tahra Bey, un poignard enfoncé dans
le cou, comme il le fait habituellement, lors des représentations.
Le duel marque un moment important dans la lutte anti-fakirique à mesure que les opposants se rendent compte que pour bousculer l’entreprise florissante des fakirs, il est nécessaire de les attaquer sur leur propre terrain afin d’ébranler leur aura et leur crédibilité.
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