La mort, c’est le fait, que Spinoza appellera
nécessaire au sens d’inévitable, que les parties extensives qui m’appartenaient
sous un de mes rapports caractéristiques cessent de m’appartenir et passent
sous un autre rapport qui caractérise d’autres corps. C’est inévitable, en
vertu même de la loi de l’existence. Une essence rencontrera toujours une
essence plus forte qu’elle, sous des conditions d’existence qui font que, dès
lors, l’essence plus forte détruit l’appartenance des parties extensives à la
première essence…. Je suis dépossédé. Je n’ai plus de parties. Mes rapports
caractéristiques cessent d’être effectués, ça veut dire tout ça, mais rien que
ça. La mort n’empêche pas qu’il y a une vérité éternelle de ces rapports et on
a vu que, pour Spinoza, les rapports sont largement indépendants de leurs
termes. Il y a une vérité éternelle en tant que rapport. Il n’est plus
effectué, mais il reste actuel, en tant que rapport. Ce n’est pas qu’il passe à
l’état de virtualité, il y a une actualité du rapport non effectué.
Gilles Deleuze : Sur Spinoza
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