Source : Les Nouveaux fakirs par Fleur Hopkins-Loféron, PUF, collection Perspective critique, fondée par le regretté Roland Jaccard.
Le tour de l’échelle de sabres, en particulier,
consiste à gravir, pieds nus, une échelle composée de lames faussement
aiguisées, puisque souvent en biseau. L’un des moyens d’éviter la blessure est
de s’enduire la plante d’une matière graisseuse, composée de savon et de
sulfate de zinc, qui agit comme un corps protecteur.
Certains fakirs, à l’image de Bramah, en représentation
à la Gaïté-Rochechouart, proposent une variante plus rare, car moins
théâtrale : celle du tonneau rempli de verre pilé. Enfermé dans un tonneau
de bois avec des morceaux de verre, il est roulé en tous sens. S’il sort sans
la moindre égratignure, c’est aussi bien parce que les tessons sont polis que parce
que le fakir se positionne dans l’habitacle de sorte à utiliser la force
centrifuge à son avantage, afin que son mouvement suive celui du verre, plutôt
que d’aller contre lui.
Quelques fakirs, comme Misore, s’essayent à l’ingestion
d’objets non comestibles, sous la forme d’acide ou de tessons de verre. C’est
ce qui provoque la mort du fakir de Valence, le 8 mai 1941, quelques heures
après avoir avalé un grand nombre de lames de rasoir. Si Tahra Bey ne s’y
risque pas, il fait état de ses dons de cicatrisation immédiate, prétendant
pouvoir guérir ses plaies, si elles apparaissent après avoir été exposées au
feu, en seulement vingt minutes.
Le fakir, plus encore, utilise les théories
microbiennes de son temps pour faire valoir son immunité à toute épreuve :
« Dans le même ordre d’idée, je peux faire un séjour dans une contrée où
sévit une épidémie et je ne contracte aucune maladie. C’est ainsi que j’ai vécu
impunément au pays de la malaria ; il en est de même pour tous les autres
genres d’infection : je suis comme immunisé. »
Sensiblement, les tours peuvent appartenir aux deux catégories et c’est alors que le boniment du fakir ou de son aide qui fait la différence. Les épingles à chapeaux, plantées dans les joues, au bout des doigts, ou dans la chair du cou, font à la fois la démonstration de l’insensibilité à la douleur, comme le suppose les très nombreuses affiches promotionnelles montrant un fakir indolent alors que des lames le transpercent, mais manifestent aussi son invulnérabilité. Le fakir Tahra Bey, en particulier, avait l’habitude de passer au sein du public, pour lui donner l’opportunité de vérifier que la chair ne porte aucune marque de point de sortie.
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