Oui, sans doute, chaque corps humain est un miroir
nécessaire de la conscience universelle, mais ce n’est pas en supprimant un
miroir que l’on supprime le Soleil, source unique de toute lumière, ni parce
qu’un corps disparaît que disparaît l’idée immortelle qu’il refléta un instant.
Mieux encore : le reflet une fois émis ne meurt pas avec le miroir et, de
même que dans le monde relatif à trois dimensions, des rayons lumineux, une
fois lancés, reviennent par gravité à leur point de départ, après avoir
parcouru des ellipses millénaires, suscitant un pur soleil de lumière à
l’emplacement d’un soleil disparu, de même la pensée ne meurt point et l’idée
purifiée brille éternellement là où le corps fugitif qui la refléta dans un
éclair de génie n’est depuis longtemps qu’un souvenir. C’est ainsi que l’action
des morts est plus grande que celles des vivants, parce qu’elle est dégagée de
la matière.
Gaston de Pawlowski
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