« Le plus court chemin d’un point à un autre, c’est de ne pas y aller »

Source : Voyage au pays de la Quatrième dimension (édition du centenaire) par Gaston de Pawlowski, Flatland éditeur, collection Le Grenier cosmopolite

Chaque jour, notre esprit à quatre dimensions nous incite, malgré nous, à nous débarrasser des obligations matérielles du monde à trois dimensions. Pourquoi ne ferions-nous pas, pour nos actes matériels, ce que nous faisons pour nos raisonnements intellectuels ? Pourquoi reprendre un chemin parcouru ? Pourquoi refaire un itinéraire que nous connaissons d’avance dans tous ses détails ? Cela devient une obsession lorsqu’on accomplit chaque jour le même parcours familier.

Pourquoi devons-nous subir ce formalisme administratif qui nous contraint à refaire les mêmes pas déjà faits, à suivre les mêmes routes déjà parcourues, pour aboutir à un point où nous savons d’avance que nous aboutirons fatalement ? N’existe-t-il pas un procédé nouveau qui nous permettrait d’échapper à cette obligation basse et matérielle ?

Déjà certains penseurs modernes ont fait justice du préjugé de la ligne droite. On a démontré, par exemple, que dans un monde où la grandeur des habitants irait en décroissant au fur et à mesure qu’ils s’approcheraient du centre, le plus court chemin d’un point à un autre du globe serait la ligne courbe passant par l’équateur, et non point la ligne droite que l’on percerait en tunnel d’un point à un autre de la sphère.

Ne peut-on concevoir, également, qu’en dehors des conditions géométriques du transport d’un point à un autre, il existe un procédé d’abstraction plus direct, permettant d’émanciper notre corps et de faire abstraction de l’espace, à la façon dont notre esprit agit et se meut, sans déplacement matériel, d’une idée à une autre, dans l’espace à quatre dimensions ?

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