Bouddha fait sortir le monde d’un désir de vivre
aveugle et malfaisant. Alors, comment expliquer l’harmonie du cosmos et la soif
inextinguible de perfection de l’esprit ? Voilà la contradiction
métaphysique. Bouddha veut ensuite que, de jour en jour, d’année en année,
d’incarnation en incarnation, le Moi humain travaille à son perfectionnement
par la victoire sur ses passions, mais il ne lui accorde aucune réalité
transcendante, aucune valeur immortelle. Alors, comment expliquer ce
travail ? Voilà la contradiction psychologique. Enfin, Bouddha donne à
l’homme et à l’humanité comme idéal et comme but unique : le Nirvâna,
concept purement négatif, la cessation du mal par la cessation de la conscience.
Ce saltus mortalis, ce saut dans le vide, dans le néant, vaut-il
l’immensité de l’effort ? Voilà la contradiction morale. Ces
contradictions qui ressortent l’une de l’autre et s’emboîtent rigoureusement
indique assez la faiblesse du bouddhisme comme système cosmique.
Édouard Schuré : L’Évolution divine, du Sphinx au Christ
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