Ill. : Ne le refaites pas à la maison, les enfants. Texte : Les Nouveaux fakirs par Fleur Hopkins-Loféron, PUF, collection Perspective critique, fondée par le regretté Roland Jaccard.
Le fakir trouverait aujourd’hui sans mal une place dans
la programmation de la soirée fétichiste Torture Garden, lors de laquelle les
participants peuvent assister à des spectacles de Shibari, de suspensions,
d’avaleurs de feu, de transfixion, de danse aérienne et de burlesque.
Pour autant, ces artistes performeurs tiennent bien
plus d’Empress Stah, célèbre pour ses danses aériennes réalisées avec un laser
dans l’anus, de Bob Flanagan, « supermasochiste », qui explore la
frontière entre douleur causée par sa maladie et celle recherchée au cours de
mutilations auto-infligées, ou encore de fakir Musafar, initiateur du mouvement
des Primitifs modernes, et du Body Play, qui fait le lien entre modifications
corporelles et spirituelles non occidentales.
En effet, si Tahra Bey joue allégrement avec l’érotique
d’un corps musculeux soumis à des tourments répétés, puisqu’on sait qu’il
poussait parfois de petits cris plaintifs au moment de se plonger en
catalepsie, il tient un discours sur la douleur bien différent des performeurs
précités. Là où la souffrance est une porte ouverte vers un état de conscience
modifié chez les autres, elle est pour lui inexistante, du fait qu’il s’est
d’abord supposément plongé dans un état d’anéantissement des sens, qui ne lui
laisse même aucun souvenir de l’événement.
Il ne cherche en aucun cas, à faire état de son endurance face à la douleur ; il ne ressent aucune souffrance et les transfixions, brûlures et dépressions d’oxygène sont là pour le prouver. De même, il ne prétend pas éprouver une forme de plaisir dans les transfixions répétées et encore moins un état de conscience modifié, puisque la catalepsie précède toujours les blessures, destinées à être limitées dans le temps. Les journalistes ne sont pourtant pas dupes : ce qui se joue devant leurs yeux est profondément érotique…
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