Source : Scientifiction, la physique de l’impossible par Roland Lehoucq, éditions du Bélial, collection Parallaxe
L’astrophysicien russe Nikolaï Kardachev (1932-2019)
proposa en 1964 de classer les civilisations selon l’ordre croissant de leur
consommation d’énergie. Une civilisation de première catégorie contrôle toutes
les formes d’énergie disponibles sur la planète, de l’énergie éolienne à
l’énergie solaire en passant par la fusion thermonucléaire et les utilise à
très grande échelle. Sa consommation totale d’énergie est, au bas mot,
plusieurs dizaines de milliers de fois supérieure à la nôtre, ce qui nous
ravale à l’insignifiance énergétique.
Cette civilisation est probablement capable de
pratiquer le voyage interstellaire à des vitesses de l’ordre de quelques
pour-cent de la vitesse de la lumière. Mais il est vraisemblable qu’après
quelques milliers d’années d’évolution, une civilisation de cette catégorie
aura totalement épuisé les stocks d’énergie de sa planète et devra puiser ses
ressources ailleurs. En général, la seule source importante et durable dans son
coin de galaxie est l’étoile autour duquel orbite sa planète d’origine.
Kardachev classa donc dans un deuxième groupe les civilisations capables de
capter l’essentiel de l’énergie rayonnée par le soleil.
Le bond quantitatif est gigantesque car une telle civilisation disposerait d’une quantité d’énergie plusieurs millions de fois supérieure à celle d’une civilisation de la première catégorie. Immédiatement, des questions surgissent : peut-on concevoir une mégastructure capable de « siphonner » l’énergie d’une seule étoile ? Est-il possible de la construire ? Où trouver les ressources pour le faire, Les auteurs de SF n’ont pas attendu que des scientifiques s’attaquent à ces questions pour mettre en scène de tels artefacts. On en trouve la première trace dans le roman Créateur d’étoiles publié en 1937 par Olaf Stapledon (1886-1950) C’est d’ailleurs peut-être dans celui-ci que le physicien américain Freeman Dyson (1923-2020) puisa son inspiration pour décrire les grandes étapes de la construction d’une structure qui renvoie l’Étoile de la Mort au rang de jouet pour enfant.
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