« Je ne parle pas aux Belges, ça les instruit »

 

Dans un passé immémorial, difficilement concevable pour nous, les femmes et les hommes vivaient, se parlaient, s’envoyaient des lettres, écrivaient des livres et se mariaient. Mais le faisaient-ils de la même manière que nous, maintenant ? Les significations à accorder à toutes ces notions fondamentales diffèrent sensiblement aujourd’hui de ce qu’elles étaient hier, car nous sommes presque tous susceptibles d’être en ligne, à un moment ou à un autre de notre journée, consciemment ou pas. À cet égard, même si nous ne nous connections pas volontairement, nos montres, nos téléphones, nos chaussures, nos vélos et nos voitures le font à notre place et contribuent ainsi à notre existence sociale en diffusant à tout moment des informations sur nos personnes. Là où l’existentialisme de Sartre se résumait à « L’existence précède l’essence », nous pouvons aujourd’hui résumer la condition humaine comme suit : « La présence en ligne précède et conditionne l’existence sociale.

Jean-Gabriel Ganascia : Servitudes virtuelles

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