Europe méonique

 

Il est une chose que l’on peut affirmer avec certitude : la résurrection égyptienne de la chair est plus proche de la résurrection chrétienne que « l’immortalité de l’âme » païenne et nôtre. Dans la résurrection, l’autre monde s’unit avec celui-ci, « le temps sera éternité », les deux mondes s’affirment mutuellement ; tandis que dans l’immortalité, ils s’infirment, se nient, de sorte que si l’on traçait jusqu’au bout cette ligne de négation réciproque, on arriverait à l’anéantissement des deux mondes, au Néant parfait, au Nirvânâ. Le Ménon de Platon, le « Dieu qui n’est pas » est déjà le Père de Bouddha. Voilà pourquoi toute l’Europe contemporaine, l’Europe méonique [ou méontique], bouddhique par excellence (Schopenhauer, Einstein) gravite de l’Égypte vers l’Inde. On peut dire que l’Égypte est l’antidote le plus efficace contre le poison bouddhique, contre notre fausse « théosophie », dont l’ignorance sacrilège a confondu le Christ avec Bouddha, le plus grand « oui » avec le plus grand « non. » Il y a longtemps que cette confusion a pris naissance. Apollonios de Tyane, le premier des théosophes, qui déjà rêvait de supprimer le Christ unique, est un élève des « gymnosophistes » hindous. De Bouddha vers Osiris, de l’Inde vers l’Égypte, tel est notre chemin du salut. Voici pourquoi l’Égypte est si actuelle, si « apocalyptique. »

Dimitri Merejkowski : Les Mystères de l’Orient

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