Source : Les Mystères de l’Orient, Égypte, Babylone, par Dimitri Merejkowski, éditions Delphica — L’Âge d’homme, recommandé par Neûre aguèce.
L’homme est sorti des mains de Dieu ; la source de
la lumière est derrière lui ; l’Égypte s’éloigne de la lumière, et la
lumière s’affaiblit. La dualité religieuse de l’Égypte, c’est précisément cet
affaiblissement de la lumière, le crépuscule qui vient.
Dans la lumière originelle, la résurrection coïncide
avec la fin de ce monde et le commencement de l’autre, tandis que, dans le
crépuscule qui vient, l’idée de la fin s’obscurcit ; les deux mondes se
confondent sans s’unir et la résurrection devient la rénovation de la vie,
Nem-Anch. Tout ce qui se passe dans le temps se répète dans l’éternité avec une
parfaite identité. Une feuille sèche, tombant de l’arbre, tournoie dans
l’air ; elle tombera et tombera toujours, d’éternité en éternité, dans des
répétitions innombrables.
Soudain, comme les parcelles de verre d’un
kaléidoscope, les détails les plus vulgaires de la vie se juxtaposent dans un
ensemble connu et inconnu, étranger et familier, et je sens avec une précision
transcendante que « tout cela fut déjà, mais je ne sais plus
quand. » Les cycles cosmiques se répètent et la fin de chaque cycle est le
commencement d’un autre. Ou plutôt il n’y a ni commencement ni fin, mais
seulement la suite, le retour du cycle éternel.
Le Nem-Anch égyptien, c’est l’apocatastase des
Orphiques, le renouvellement du monde. « Il arrive qu’à d’indéfiniment
longs intervalles, les astres s’écartant de leur toute, tout ce qui se trouve
sur la terre est détruit par le feu. C’est alors que se produit
l’apocatastase : les étoiles reprenant dans le ciel leur place primitive,
le monde recommence. »
Dans le monde nouveau, l’âme réintègre le vieux corps, revit, meurt encore, et ainsi toujours, sans fin. La roue tourne sans but dans l’air. C’est le mouvement immobile, l’horreur de la « mauvaise infinité », l’horreur des crépuscules égyptiens.
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