Source : Les Demeures philosophales 2 et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du Grand Œuvre par Fulcanelli, troisième édition augmentée, avec trois préfaces de Eugène Canseliet, F.C.H., dessins de Julien Champagne et photographies nouvelles, éditions Pauvert, tome 2
In Perciculis Constantia.
La constance dans les périls. Vertu philosophique que l’artiste doit savoir
garder dans le cours de la coction, et surtout au commencement de celle-ci,
lorsque les éléments déchaînés se heurtent et se repoussent avec violence. Plus
tard, malgré la longueur de cette phase ingrate, le joug en est moins pénible à
supporter, car l’effervescence se calme, et la paix naît enfin du triomphe des
éléments spirituels, air et feu, symbolisés par des angelots, agents de notre
mystérieuse conversion élémentaire. Mais, à propos de cette conversion,
peut-être n’est-il pas superflu d’apporter ici quelques précisions sur la
manière dont s’accomplit le phénomène au sujet duquel les anciens ont fait
preuve, à notre avis, d’une réserve excessive.
Tout alchimiste sait que la pierre est composée des
quatre éléments unis par une puissante cohésion, dans un équilibre naturel et
parfait. Ce qui est moins connu, c’est la façon dont ces quatre éléments se
résolvent en trois principes physiques, que l’artiste prépare et assemble selon
les règles de l’art, en tenant compte des conditions requises. Or, ces éléments
primaires, représentés dans notre caisson par la mer (eau), le roc (terre), le
ciel (air) et les chérubins (lumière, esprit, feu) se réduisent en sel, soufre
et mercure, principes matériels et tangibles de notre pierre. De ces principes,
deux sont réputés simples, le soufre et le mercure, parce qu’ils se rencontrent
naturellement cominés dans le corps des métaux ; un seul, le sel, apparaît
constitué en partie de substance fixe, en partie de matière volatile.
On sait, en chimie, que les sels formés d’un acide et
d’une base, révèlent, par leur décomposition, la volatilité de l’un, de même que
la fixité de l’autre. Comme le sel participe à la fois du principe mercuriel,
par son humidité froide et volatile (air), et du principe sulfureux, par sa
sécheresse ignée et fixe (feu), il sert donc de médiateur entre les composants
soufre et mercure de notre embryon.
Grâce à sa double qualité, le sel permet de réaliser la conjonction, qui serait impossible sans lui, entre l’un et l’autre des antagonistes, parents effectifs du roitelet hermétique. Ainsi, les quatre éléments premiers se trouvent assemblés deux à deux dans la pierre en formation, parce que le sel possède en lui le feu et l’air nécessaire à l’assemblage du soufre terre et du mercure eau.
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