Quatrième dimension

 

Ni l’espace, ni le temps de cette conscience ne seraient identiques à notre sens du temps et de l’espace. Pour l’observateur situé au pied d’une haute montagne autour de laquelle tourne une voie de chemin de fer, le train apparaît et disparaît, à de certains intervalles, de façon discontinue. Pourtant, aux yeux de l’observateur qui se trouve au sommet du mont, le caractère circulaire du parcours et la continuité de la marche du convoi ne laissent place à aucun doute. Cet observateur-là pourra prévoir l’arrivée du train alors que le voyageur d’en bas ignorera encore celle-ci et il sera capable de suivre après un engloutissement apparente, des wagons devenus invisibles aux regards des habitants de la plaine.

Cet exemple simple de l’importance de la situation physique de l’observateur par rapport au système observé s’applique, analogiquement, à l’ordre de référence que constitue l’état de conscience de l’opérateur par rapport à ses propres opérations mentales et à ses perceptions. Si, en effet, nos sens sont limités et si des appareils matériels s’avèrent propres à étendre, dans des proportions considérables, nos possibilités habituelles d’investigation, notre état de conscience n’en reste pas moins captif d’un schématisme logique et psychologique, qui, en maintes circonstances, ne correspond plus à la complexité des phénomènes découverts ni à l’échelle de ceux-ci.

René Alleau : Aspects de l’alchimie traditionnelle

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