À l’âge sacré des droits de l’homme, seuls les absents
n’ont aucun droit, et surtout pas celui d’être absents puisque ce serait aussi
celui d’être en désaccord avec ce monde. Disparaitre, s’enfuir, décrocher,
découcher… Déménager de son nom, de son passé, de son histoire, de son présent…
Tout laisser tomber, déclarer fortait, battre en retraite, abdiquer à la cloche
de bois, recommencer une vie nouvelle, même si c’est de l’autre côté de la rue…
Glisser sur sa propre identité comme sur une peau de banane pourrie… Partir.
Partir. Refaire sa vie. Se fondre dans son pseudonyme. Aller chercher des
cigarettes, un soir, et ne plus jamais revenir… Tous ces rêves sont terminés.
Les romans autrefois en étaient pleins. La littérature a beaucoup raconté
comment divorcer d’avec ce monde.
Philippe Muray : Désaccord parfait
oui mais pour aller ou? si c'est pour aller de l'autre côté de la rue, autant partir définitivement. Murray a pu échapper au réel par les livres, ca me fait penser a qqun.
RépondreSupprimerOn ne change pas de vie, on la continue différemment, souterrainement.
SupprimerIl ne suffit pas d'un voyage pour une vraie rupture.
Le système aussi voudrait tellement qu'on lise tous des beaux livres.
Pour m'évader, je préfère une lime ou un hélicoptère.
Il faut creuser plus profond.
Lire, c'est se dépersonnaliser. Ecrire, c'est se déréaliser.
Le grand art c'est de se survivre dans sa propre fiction : les prophètes, Jésus, Borges, Lovecraft, Nabokov, et beaucoup d'autres.
Là, on est parvenu à s'évader par le livre et il n'est pas nécessaire d'être célèbre. Une influence peut être imperceptible, diffuse, prégnante. Nous ne savons pas au juste ce que peut une influence.
Balagan, le prochain Frank Brecht, à paraître en septembre, aborde ces problèmes, de manière assez brillante.
Stirb und werde