Le besoin de la femme n’est plus ressenti parce que
l’intégration de l’être s’est faite par une autre voie, plus directe, plus
risquée et le signe le plus sûr de cette voie, ce n’est pas l’aversion
puritaine pour le sexe, mais l’indifférence et le calme. À ce niveau, il n’est
donc aucunement question de ce dont s’occupe la psychanalyse : le but ne
consiste pas à « guérir » un névropathe en proie à ses complexes,
mais le dépassement de la condition humaine elle-même à travers une
régénération effective, un changement de statuts ontologique. L’énergie sexuelle
transformée doit mener à ce but. Ce n’est que dans un tel contexte, technique
et non moral, que se justifie le principe ascétique, yoguique ou initiatique,
de chasteté. La sagesse des Mystères évoque un seul courant au double flux
symbolisé par le Grand Jourdain, qui donne lieu, en coulant vers le bas, à la
génération des hommes et, en coulant vers le haut, à la génération des dieux.
Cet enseignement indique de manière transparente la double possibilité inscrite
dans la force du sexe, en fonction de sa polarisation. Telle est la base du
régime, ou mystère, de la transmutation auquel renvoie la quatorzième lame du
tarot, la Tempérance. Une femme ailée y est représentée, qui transvase un
liquide d’un récipient d’argent dans un récipient d’or sans en perdre une goutte,
tandis qu’on voit surgir du sol, près d’elle, des fleurs, qui symbolisent la
croissance intérieure, le flux vers le haut.
Julius Evola : Métaphysique du sexe
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