Dûrga

 

Source : Métaphysique du sexe par Julius Evola, éditions de L’Âge d’homme, Guy Trédaniel, traduction et préface de Philippe Baillet, relecture en cours, 2009-2024, livre important

D’après Titus Burckhardt, la femme est activement passive, l’homme est passivement actif. La qualité « activement passive » de la femme est la source de son charme, et elle est activité au sens supérieur. Le langage courant y fait déjà allusion lorsqu’il dit d’une femme qu’elle est « attirante » : or, l’attraction c’est le pouvoir de l’aimant. La femme, à cet égard, est donc très active, et l’homme passif. « On dit et l’on admet que, dans la lutte pour l’amour, la femme est presque passive. Mais cette passivité est rien moins que réelle.

C’est la passivité de l’aimant qui, en dépit de son immobilité apparente, entraîne dans ses tourbillons le fer qui l’approche » (A. Marro) La tradition extrême orientale, qui a connu la conception de « l’agir sans agir » (wu-wei) est aussi celle qui a su reconnaître ce point dans le cadre d’un système social qui a pourtant été nettement androcratique. « Le Féminin du fait de sa passivité est toujours vainqueur du Masculin » (Lao-Tseu) Pour paradoxal que cela paraisse, si l’on veut parler de manière rigoureuse, conforme à l’étymologie du terme, c’est toujours l’homme qui est « séduit » ; son initiative active se réduit à l’approche d’un champ magnétique, dont il subira la force dès qu’il sera entré dans son orbite.

Face à l’homme qui désire, donc face au simple besoin sexuel masculin, la femme a toujours une nette supériorité. A Charmel a donné une forte description de tout cela dans sa Dernière semaine de Dom Juan : toutes les femmes que Don Juan a possédées se révèlent à lui comme autant d’aspect d’une femme unique sans visage, la femme éternelle, Dûrga, qui a précisément voulu les paroles et les gestes avec lesquels il a « séduit » chacune d’elles. Il a désiré ces femmes « comme le fer désire l’amant » et c’est en faisant naître cette consience en Don Juan que le Commandeur le pousse au suicide.