ἀσπίς

 

Source : Les Demeures philosophales 2 et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du Grand Œuvre par Fulcanelli, troisième édition augmentée, avec trois préfaces de Eugène Canseliet, F.C.H., dessins de Julien Champagne et photographies nouvelles, éditions Pauvert, tome 2

Aut Hunc Aut Super Hunc. Ou avec lui, ou sur lui. La Nature s’adresse ici au fils de science se préparant à entreprendre la première opération. Nous avons dit déjà que cette manipulation, fort délicate, comporte un réel danger puisque l’artiste doit provoquer le vieux dragon, gardien du verger des Hespérides, l’obliger à combattre puis le tuer sans merci, s’il ne veut en être victime. Vaincre ou mourir, tel est le sens voilé de l’inscription. Notre champion, malgré sa vaillance, ne saurait donc agir avec trop de prudence, car l’avenir de l’Œuvre et son propre destin dépendent de ce premier succès.

La figure du bouclier, en grec « aspis », abri, protection, défense, lui indique la nécessité d’une arme défensive. Quant à l’arme d’attaque, c’est la lance, « logein », sort, destin, ou l’estoc, « dialephis », qu’il devra employer. A moins qu’il ne préfère recourir au moyen dont se servit Bellérophon, chevauchant Pégase, pour tuer la Chimère. Les poètes feignent qu’il enfonça profondément dans la gorge du monstre un épieu de bois, durci au feu, et garni de plomb. La Chimère, irritée, vomissait des flammes ; le plomb fondit, coula jusqu’aux entrailles de la bête, et ce simple artifice en eut vite raison.

Nous appelons surtout l’attention du débutant sur la lance et sur le bouclier, qui sont les meilleurs armes que puisse utiliser le chevalier expert et sûr de lui, celles qui signeront, s’il sort victorieux du combat, son écu symbolique, en lui assurant la possession de notre couronne.

C’est ainsi que, de laboureur, on devient héraut, de « Kérmoukiophoros », celui qui porte le Caducée. D’autres, de même courage et d’ardente foi, plus confiants dans la miséricorde divine qu’assurés de leurs propres forces, abandonnèrent l’épée, la lance et le glaive pour la croix. Ceux-là vainquirent mieux encore, car le dragon, matériel et démoniaque, ne résista jamais à l’effigie spirituelle et toute-puissante du Sauveur, au signe ineffable de l’Esprit et de la lumière incarnés : In hoc signo vinces. Au sage, dit-on, peu de paroles suffisent, et nous estimons avoir assez parlé pour ceux qui voudront se donner la peine de nous comprendre.

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