Source : Aspects de l’alchimie traditionnelle, par René Alleau, préface par Eugène Canseliet, textes et symboles alchimiques, suivi de « La Pierre de touche d’Huginus à Barma (1657) », éditions de Minuit, relecture… longtemps après.
Remarquons qu’il n’est pas certain que les mythes
soient de pures créations humaines et subjectives. De toute façon, ils excèdent
le plan de la subjectivité individuelle. Leur durée considérable, leur
apparence de construction spontanée, la constance universelle de leurs formes,
la puissance des réactions collectives qu’ils déchaînent, en font des énergies
dont la conscience claire ne discerne jamais que la pointe émergée mais qui,
dans certaines circonstances de moindre résistance de cette conscience, se renversent
soudain et rendent alors manifestent l’extrême profondeur où repose normalement
leur base engloutie.
L’affinité logique grâce à laquelle un mythe coordonne des symboles et s’édifie autour d’un archétype constant n’évoque-t-elle pas l’affinité chimique par laquelle, plongé dans son eau-mère, un cristal reconstitue ses molécules selon un type géométrique immuable ? Et ne peut-on justifier de tels rapprochements entre les créations matérielles et les créations psychiques au nom d’un principe supérieur d’objectivité qui, niant l’existence d’une objectivité « en soi », affirme, par contre, la validité d’une objectivité relative à un ensemble de transformations et d’opérations ? Pourquoi un opérateur universel unique ne créerait-il pas, ici, les minéraux et là, les mythes, ici, la matière de nos corps, et là, celle de nos idées ? Comme notre chair sort de la terre et retourne à la terre, nos pensées élaborées naissent des mythes et s’achèvent en ces mythes.
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