Source : Aspects de l’alchimie traditionnelle, par René Alleau, préface par Eugène Canseliet, textes et symboles alchimiques, suivi de « La Pierre de touche d’Huginus à Barma (1657) », éditions de Minuit, relecture… longtemps après.
« Sacrifiez au fourneau (tsao), déclare
Li-Chao-Kium, selon l’historien Sse-Ma T’sien, et vous pourrez faire descendre
des êtres transcendants. Lorsque vous aurez fait descendre, la poudre de
cinabre pourra être transmuée en or jaune. Quand l’or jaune aura été produit,
vous pourrez faire des ustensiles pour la boisson, et pour la nourriture, et,
alors, votre longévité sera prolongée, vous pourrez voir les bienheureux
(t’chenn) de l’île P’ong-laï, qui est au milieu des mers. Quand vous les aurez
vus, et que vous aurez accompli les sacrifices Fong et Chan, alors, vous ne
mourrez pas. » — Mémoires historiques de Se-ma T’sien, tome III, page
465, traduction Chavannes, Paris, 1899.
Dans ces conditions, attribuer la formation des
théories alchimiques à l’influence des idées néo-platoniciennes est aussi
absurde que le serait la prétention d’expliquer le développement de l’art roman
par l’influence de l’esthétique de Kant. En fait, il est probable qu’en Extrême
Orient, comme en Occident, c’est à la décadence des mystères de la haute
antiquité, décadence déjà sensible vers le quatrième siècle avant l’ère
chrétienne, qu’il faille attribuer, d’une part, l’apparition du taoïsme et de
l’alchimie chinoise, d’autre part, la synthèse sacerdotale gréco-égyptienne des
Ptolémée, et dont l’un des effets fut la formation du mythe d’Hermès
Trismégiste, qui n’est pas sans rappeler, à certains égards, celui du
légendaire « empereur jaune », Hoang-Ti.
Sans doute, le développement ultérieur de l’hermétisme alexandrin emprunta-t-il à cette synthèse nombre de ses principes mais il n’en représente pas moins un ensemble de notions si diverses, hétéroclites, qu’il est extrêmement difficile d’y retrouver une unité conceptuelle réelle.
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