Source : Cagliostro par Philippe Brunet, éditions François Bourin, collection Le Grand livre du mois.
Une précision s’impose qui doit mettre un terme à
l’idée selon laquelle la Kabbale serait au judaïsme ce que la gnose est au
christianisme. Si la gnose recherche la concorde en se voulant la synthèse des
religions de son temps, la Kabbale, elle, ne tend qu’à assurer la suprématie de
la religion judaïque sur les autres, en démontrant qu’elle détient les
meilleures informations sur les origines de l’humanité.
Une opposition flagrante que Sarane Alexandrian
résume : « Les gnostiques avaient le culte de la Connaissance et
n’invoquaient la Tradition que pour rendre irréfutables les principes qu’elle
érigeait en dogmes. » On imagine quelles obscurités pouvaient naître à la
lecture du rituel de Cagliostro qui rêvait d’intégrer la pensée gnostique et la
pratique kabbalistique. A sa décharge, il faut dire qu’il ne fut pas le seul à
poursuivre cette ambition et qu’à l’époque, nombreux furent ceux qui se
fourvoyèrent dans l’entreprise. Ce n’est d’ailleurs qu’au milieu du
dix-neuvième siècle que la lumière fut faite et que l’on découvrit enfin que la
Kabbale venait historiquement après la gnose.
Jusqu’alors, les kabbalistes s’étaient vantés de
transmettre, à travers les siècles, l’enseignement secret que, sur le mont
Sinaï, Moïse aurait reçu de Dieu ; un enseignement qu’il n’aurait pas
voulu divulguer dans le Pentateuque et qu’il aurait préféré confier à
soixante-dix vieillards d’Israël, lesquels n’en auraient eux-mêmes instruit que
quelques initiés.
On tenait donc la Kabbale pour une connaissance très ancienne, remontant à près de 1200 ans avant Jésus-Christ, jusqu’à ce qu’on apprenne qu’elle était née dans le courant du Moyen Âge, en France, plus précisément dans le Languedoc. A tel titre que Gershom G. Scholem pense que le mouvement cathare, qui sévissait dans le midi de la France à cette époque, a certainement influencé les fondateurs de la Kabbale.
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