« Ni m'fwai nîn potchî foû d'mes clicotes ! »

 

Source : Hermès, l'égyptien, une approche de l’esprit du paganisme tardif, par Garth Fowden, éditions Les Belles Lettres, collection L’Âne d’or

Toth était la source reconnue des pouvoirs occultes latents dans tous les aspects du culte des dieux. Par extension, il finit par être considéré comme le seigneur de la connaissance, du langage et de toute science, voire comme l’Intelligence ou la Raison personnifiée : « sans sa connaissance, rien ne peut être fait parmi les dieux et les hommes. (AEgyptische Inschriften aus den Königlichen Museen zu Berlin, Leipzig, 1913-14)

La sagesse ésotérique était son domaine réservé, et il était appelé « le Mystérieux », « l’Inconnu. » Ses pouvoirs magiques faisaient de lui, en outre, un médecin ; et quand le corps finissait par succomber à la mort, Thot conduisait le défunt vers le royaume des dieux et participait au jugement de son âme. Mais c’était à Hermopolis Magna (al-Hashmunayn), foyer principal de son culte, que Thot atteignait le sommet de sa gloire ; de fait, son caractère spécifiquement hermopolitain était reconnu dans toute l’Égypte. Naturellement, le clergé d’Hermopolis n’avait de cesse de magnifier son patron ; et pour atteindre cet objectif, il allait de soi qu’il fallait développer une cosmogonie spécifique, dans laquelle Hermopolis serait considérée comme l’endroit le plus ancien de la terre.

C’est ainsi que Thot acquit un rôle majeur dans le drame de la création, en tant que démiurge donnant l’être aux choses par le seul son de sa voix. En plus de l’idée du pouvoir créateur de la parole, commune à tout le Proche-Orient, nous pouvons déceler ici à coup sûr l’influence de Thot, dieu de la magie.

Mais c’est peut-être à son rôle en tant que guide des âmes et juge des morts que Thot devait surtout sa popularité auprès des gens du commun. Il continua de susciter une forte dévotion populaire tout au long de la période ptolémaïque et romaine. On ne pouvait échapper à sa présence ; et l’on comprend aisément que les colons étrangers en Égypte aient eu la tentation d’entrer en contact avec lui.

Le romancier juif Artapanus, par exemple, écrivit au IIe siècle avant Jésus-Christ un récit de la vie de Moïse dans lequel il assimilait son héros à « Hermès », c’est-à-dire Thot, en lui attribuant le mérite d’avoir fait connaître aux Égyptiens les navires, les machine, les armes, et la philosophie, d’avoir divisé le pays en nomes dont chacun était pourvu d’une divinité tutélaire, d’avoir inventé les hiéroglyphes et d’avoir octroyé aux prêtres la possession de terres. Les colons grecs, pour leur part, identifiaient Thot avec leur dieu, Hermès. 

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