Source : Le culte du phallus chez les anciens et les modernes, par Jacques-Antoine Dulaure, préface de Henri J. Marteau, éditions Marabout, collection Univers secrets
Ce furent des Corybantes qui, comme le dit Héraclite,
apportèrent le culte du Phallus et de Bacchus en Italie. Ces Corybantes, aussi
nommés Cabires, annonçaient au peuple la mort des dieux Cabires. Ils s’étaient
rendus coupables de deux fratricides, lorsqu’ils enlevèrent la cite, ou
corbeille sacrée dans laquelle était placé le Phallus de Bacchus. Ils la
transportèrent en Eturie, où ils étaient chassés de leur pays. Ils fixèrent
leur demeure chez les Étrusques, prêchèrent leur vénérable doctrine, et
recommandèrent à ces peuples d’adorer le Phallus et la corbeille sacrée.
Les Étrusques, voisins des Romains, leur communiquèrent
bientôt cette nouvelle institution, ainsi que les cérémonies et pratiques
religieuses qui en dépendaient. L’époque de l’introduction de ce culte en
Italie ne paraît pas remonter très haut. Les Romains ne connaissaient point, du
temps de leurs rois, le culte de Vénus. Celui de Bacchus et de Priape devait y
être également ignoré ; toutes les divinités grecques et orientales
n’existaient point du temps de Numa.
Les Romains désignaient assez généralement Bacchus sous
le nom de Liber ou de Pater Liber, de même qu’ils donnaient souvent à Vénus le
nom de Libera. On croit que cette dénomination leur venait de la liberté qui
régnait dans ses fêtes ; on dit que le soleil portait ce nom chez les
Indiens. Les fêtes de ce dieu-soleil avaient chez les Romains deux noms qui
répondaient à ceux de Bacchus et de lIber : les Bacchanales et les
Libérales.
La fête des Libérales avait lieu le 17 mars, six jours
après l’époque où les Grecs célébraient en l’honneur du même dieu leurs
Dionysiaques, et trois jours avant celle où les Égyptiens fêtaient Osiris et
son Phallus, dans la solennité des Pamylies.
Le Phallus figurait avec distinction dans la fête des
Libérales. Les Romains nommèrent ce simulcre de la virilité Mutinus. C’était ce
symbole indécent, dit saint Augustin, que l’on vénérait, non en secret, mais
très publiquement ; que l’on transportait pompeusement, pendant les
Libérales, sur un char, dans les carrefouss et dans les villes.
Le même cite Varron, qui nous apprend qu’à Lavinium, la fête du dieu Liber durait un moisn pendant lequel on se livrait à la joie, à la licence, à la débauche ; les chansons lascives, les discours les plus libres répondaient aux actions. Un char magnifique portait un énorme Phallus et s’avançait lentement jusqu’au milieu de la place publique. Là, se faisait une station, et l’on voyait alors la mère de famille la plus respectable de la ville, venir placer une couronne de fleurs sur cette figure obscène.
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