Le parfait historien aux yeux de Léon
Bloy serait celui qui, bien convaincu que le temps n’existe pas pour Dieu,
serait un chroniqueur exhaustif de simultanéités. Contradiction dans les
termes, s’il est vrai que l’histoire « est le déroulement d’une trame
d’éternité sous des yeux temporels et transitoires » (Constantinople et
Byzance) et toujours la solidarité de la faute et de la réversibilité… On
n’éprouve aucune peine à attribuer à Léon Bloy la définition de ce style quasi
apocalyptique dont il avait pu trouver quelque avant-goût chez Carlyle. Dans un
écrit très ancien, en effet, puisqu’il date du 10 mai 1874, il avait reconnu
qu’il avait un précurseur dans la personne de l’historien anglais. Lequel,
aussi éloigné que possible de ses idées maistriennes, aboutit, grâce à un
don prodigieux de caricature, à des évocations capables de résoudre l’horreur
en formidables éclats de rire. Ce qui ne l’empêche pas, tout puritain et
protestant qu’il soit, de rendre hommage à la Vérité quand on la crucifie.
Jacques Vier : Léon Bloy, un pont sur l’abîme
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