Exitus

Source : Maître Eckhart, l’homme à qui Dieu ne cachait rien, par Bernard McGinn, éditions du Cerf

Un bon moyen de comprendre la pensée systématique implicite d’Eckhart, c’est de l’aborder par la réciprocité dynamique du « flux » et de toute chose, « exitus, emanatio », à partir du fond caché de Dieu, et du « reflux » ou percée de l’univers, « reditus, restoratio, durchbrechen », qui reconduit à l’identité essentielle avec cette source divine.

De ce point de vue, il est juste de parler de « métaphysique des flux », « fluxus », pour définir la métaphysique d’Eckhart. « Je l’ai souvent dit, sortir, pour Dieu, c’est entrer. » Le processus de l’exitus, reditus, est souvent identifié à l’influence du néoplatonisme dans la pensée occidentale.

Or, pour Eckhart, l’exitus, reditus, est la loi fondamentale de la réalité que la Bible nous enseigne, à la fois globalement, on le voit dans la présentation par l’Écriture de la création et de la consommation finale, et dans tel ou tel verset en particulier, par exemple, dans l’Ecclésiaste 1, 7 : ad locum unde exeunt flumina revertuntur, ut iterum fluant » ; « les fleuves retournent au lieu d’où ils fluent, afin de pouvoir couler à nouveau. » Eckhart utilisait une grande diversité de termes latins et allemands, on l’a vu plus haut, pour exprimer ce « flux » et cette « percée. »

Il employait même parfois ceux d’émanation et de retour pour structurer les résumés qu’il faisait de son message, comme on le voit dans la séquence poétique en vernaculaire connue sous le nom de Granum Sinapsis. Outre ces occurrences explicites, la pulsation de ce cercle universel d’activité, à elle seule, fournit une clé pour présenter la vision systématique qui sous-tend les œuvres disparates de Maître Eckhart.

Commentaires