Source : Toison d’or et Alchimie, par Antoine Faivre, Archè Edidit, (1990), collection Bibliothèque de l’Unicorne, La Tradition : textes et études, série française, volume quarante-quatrième
Philippe le Bon, nous assure l’auteur anonyme de Die
Sonne von Osten, possédait la Pierre philosophale, soit qu’il l’ait trouvée
lui-même, soit qu’il l’ait tenue d’un Adepte.
La manière dont est abordé le symbolisme du collier,
par ce commentateur pour qui tout le mystère de l’Art hermétique se trouve
contenu dans le mythe de Jason, ne manque pas d’originalité. Il distingue des
pierres à feu les éléments d’acier proprement dits, ou « acies » (Staale),
voyant là un symbole de la double matière philosophique telle que l’Artiste la
trouve « à l’état brut. »
De nombreux auteurs sont cités à ce propos. Rihas
enseigne : « materia est unica, attamen duplex. » Pour
Bernard de Trévise, on entreprend l’Œuvre à partir d’une racine unique et de
deux substances mercurielles : le Soufre (chaud et sec) correspond aux
pierres à feu du collier, et le Mercure (froid et humide) à ses aciers.
La Turba Philosophorum marie l’homme rouge (la
pierre à feu) à la femme (les aciers) dans une chambre blanche. Sendivogius
parle d’une matière en deux substances : l’or et l’acier, ou encore l’or
vif et le vif argent. Selon Hermès, elle consiste en un Soufre rouge et un Mercure
blanc.
Pierre Lombard la voit faite de substance liquide et de
substance épaisse, qu’on trouve mêlées. D’autres autorités encore se trouvent
convoquées pour nous convaincre de cette polarité qu’exprime cette opposition
Lion / Serpent, dragon ailé et dragon non ailé, Soleil et Lune, fixe et
volatil, ainsi que pour nous rappeler que l’union de ces deux termes donne le rebis
ou res bina.
Suit un exposé à propos de la grande pierre noire qui
sert ici de pendentif et relie le bélier à la chaîne de pierres à feu. Cette
pierre noire est ornée de sept gouttes rouges, ou larmes de Feu, représentant
les sept habitations de l’eau ignée ainsi que le rapport entre les sept
planètes et les métaux.
Le bélier, lui, est la matière produite par la réunion
des pierres à feu et des aciers. Il faut lui ôter la beau pour trouver à
l’intérieur de son corps la chair et le sang, c’est-à-dire le Soufre ou Feu
d’or que, dit Sendivogius, il porte dans son ventre, de même que c’est par les
aciers qu’on fait jaillir des pierres le feu. Par sa laine d’or, cet animal
symbolise également la matière parvenue à la perfection, teinture d’or ou de
pierre philosophale, achevée sous le signe zodiacal du Bélier, sous celui-là
même où fut entrepris l’Œuvre.
Certes, on peut toujours opter entre la voie sèche et la voie humide, mais mieux vaut toujours commencer en mars, quand le soleil entre dans le signe du Bélier, car grâce à cet or astral, tout se met sur terre à germer, y compris ce qui se trouve dans notre athanor. Notre auteur anonyme voit là aussi dans ce rapport entre Mars et le Bélier, l’origine des œufs rouges de Pâques, liés à une forme de magie divine.
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