« Das Sein ist das Nichts »

 

Source : Martin Heidegger, philosophie d’un autre commencement par Alexandre Douguine, éditions Ars Magna, collection Heartland.

Les Grecs, comme les autres peuples d’Occident, ont trop aimé les étants et ont été victimes de cet amour fatal, qui a prédéterminé tout le système de la philosophie de l’Europe occidentale. Heidegger les évoque non pas avec irritation et arrogance, mais plutôt avec une profonde compréhension et empathie.

L’être, en tant que ce qui fait des étants ce qu’ils sont, doit d’une certaine manière être combiné avec les étants et relié à eux. Et si nous suivons cette idée jusqu’au bout, à un moment donné, nous nous apercevrons effectivement que « l’Être est », qu’il est les étants, et qu’il est le plus important et le plus pur des étants.

L’affirmation contraire, à savoir que « l’Être n’est pas les étants », ne peut être acceptée que jusqu’à un certain point. À ce stade, nous devrions souligner que l’Être en tant que caractéristique partagée n’est pas la même chose que les étants en tant que particuliers. Cependant, autant le particulier que le partagé ont tous deux un attribut qui les unit : tous deux existent.

Or, comprenant la profondeur de la différenciation ontologique du « Bezug » dans la philosophie traditionnelle, Heidegger nous dit : c’est là tout le problème, et l’erreur principale s’enracine ici : si l’Être n’est pas les étants, alors, ce sont ces derniers qui doivent être l’objet de l’étude ontologique.

Or, dans ce cas, l’Être ne peut être identique à l’essence des étants, et, par conséquent, l’Être n’est pas un attribut partagé pour les étants. Ici, l’Être n’est pas, il n’est pas les étants. Il n’est aucun des étants, ceci inclut également la non-essence des étants, et les attributs non partagé, ni « oussia », ni « koinon. »

En d’autres termes, Heidegger affirme que « l’Être est le Néant », « Das Sein ist das Nichts », faisant de la philosophie de l’Europe occidentale une grande illusion qui a duré deux mille cinq cents ans, car elle n’a pas su reconnaître cette question.

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