« J’ai consenti au feu puisque le feu était venu avant l’œuvre, mais l’œuvre va détruire le feu qui brûle mon corps et en dégager un autre. » Si transmutation il peut y avoir, elle procédera à la fois de cette substitution des feux et de l’interversion des rapports entre l’Œuvre et le feu. Désormais, le Révélé sait que l’Œuvre procède du feu, mais que celui-ci ne doit plus le précéder. De cette fulgurante coalition du physique et du spirituel, Artaud dit avoir eu la révélation au travers d’un « hiéroglyphe véhément » : « Une espèce de vision en dedans où la croix tournante des choses est coupée par l’organisme humain et la courbure ne se fait plus car la flamme du Saint-Esprit qui précède sa propre colombe joue tout à coup hors de l’étendue. » Hiéroglyphe lui-même incompréhensible sans la vision du trajet spiralé de la matière dans le vase alchimique de la transmutation. » Si ravage il y a parce que le feu précède l’œuvre, Œuvre, il ne pourra y avoir que si la colombe annonce l’Esprit devenu Saint à cette condition seulement. Un Saint-Esprit qui calcine le fruit prématuré de l’Œuvre est-il autre chose qu’un suppôt de Satan ?
Françoise Bonardel : Antonin Artaud, la fidélité à l’infini
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