Ill. : Hermès par Adolf Hirémi-Hirschl. Source : La Voie hermétique, introduction à la philosophie d’Hermès, par Françoise Bonardel, édition Dervy, collection Poche, quatrième édition.
L’existence, tout d’abord, d’une forme très archaïque de culte d’Hermès en tant que Dieu pastoral, détenteur de forces magiques, et cela particulièrement en Arcadie, sous le nom d’Arma d’où aurait dérivé le grec Hermax servant à désigner les tas de pierres ou les pierres coniques sous la forme desquelles on honora le Dieu.
Ainsi associée au culte anthropomorphe et phallique de l’Herne, pilier surmonté d’un buste, pourvu d’un phallos en état d’énergie, la figure d’Hermès s’enrichit peu à peu de fonctions et d’attributs : ailes, chaussures ailées, caducée, baguettes d’or. L’Hymne homérique à Hermès insiste pour sa part sur l’ingéniosité, la subtilité, l’humour et la désinvolture du fils de Zeus et de Maya, la Terre-Mère. Par son aptitude à la ruse et à la séduction, le « Prince des brigands » passe en effet son temps à tout détourner : la colère des dieux, les objets qu’il vole, les chemins qu’il brouille.
À son invention créatrice ne doit-on pas entre autre, la lyre, la cytarrhe, la harpe, la syrinx, la bourse, la toupie, le cerveau, la balance ? C’est d’ailleurs en jouant de la lyre qu’il charma Apollon qui, en échange de l’instrument, lui offrit le caducée. Trouvant à s’incarner dans une foule d’animaux (mouette, colombe, ibis, aigle, bélier, bouc, chien, serpent, tortue, cheval, lézard, dauphin, papillon, scorpion) l’Hermès grec se joue des formes et traverse les apparences, aussi corrosif, volatile et fugitif que le Mercure alchimique.
Assimilé par Ch. Kérényi à l’Enfant divin (Puer aeturnus) il demeure comme Thoth le médiateur, celui qui assure les passages les plus importants et les plus risqués : qu’il s’agisse de faire transiter les messages entre les dieux et les hommes, d’exercer la fonction de psychopompe lors du dernier voyage de l’âme, d’orienter ou de dérouter les voyageurs.
Capable de nouer aussi bien que de dénouer, il négocie avec brio les transitions et les changements d’état qu’on nomme ceux-ci métamorphose ou transmutation. Capable de pétrifier comme de changer en en oiseau, il est le maître incontesté des extrêmes et des limites. Pétrification et volatilisation ne sont peut-être d’ailleurs que les deux formes, dissociées, des mutations que la fameuse formule alchimique Solve et Coagula invite à réunifier. Médiateur et conducteur, l’Hermès Mercure gréco-latin opère toutefois sur un mode plus ludique que son homologue égyptien et se préoccupe moins de régénération spirituelle que de créativité.
Commentaires
Enregistrer un commentaire